Soeur Anne-Françoise
Soeur Anne-Françoise

Sœur Anne Françoise Vullioud est née à Marcellaz-Albanais, en Haute Savoie, en novembre 1922, de parents agriculteurs, elle est l’ainée de neuf frères et sœurs. En dehors de l’école, elle consacre sa jeunesse à aider ses parents aux travaux des champs et à l’éducation de ses frères et sœurs cadets. Elle intégrera ensuite la Congrégation des Sœurs de St Joseph d’Annecy.

En 1960, c’est le départ pour l’Inde où elle fut appelée au service des pauvres et des malades. Dans un premier temps, elle renforcera ses compétences d’infirmière à Calcutta, et ensuite descendra plus au sud, toujours sur la côte Est, à Vishakhapatnam pour perfectionner la langue locale « le Télégu » ainsi que son anglais, en l’école de Walter.

 

L’apôtre des lépreux.

Ensuite, elle est transférée à Prathipadu, à 150 km au sud de Vishakhapatnam, non loin de l’embouchure du fleuve Godavari qui rejoint le Golfe du Bengale à Yanam (ancien comptoir français de Yanaon). Dès 1964, cette petite communauté composée d’une supérieure et trois sœurs (dont sœur Anne Françoise, seule française), obtient des autorités sanitaires du district, de pouvoir s’occuper des lépreux et des malheureux qui vivent dans la misère aux abords du couvent. Un programme de dépistage systématique est mis en place, d’abord dans les écoles, puis plus largement sur l’ensemble de la population. Très vite des dispensaires sont ouverts et même un hôpital à Prathipadu. Dans cette région, il y a beaucoup de rizières, on y cultive aussi la canne à sucre qui est une source d’emploi pour des milliers de pauvres gens. Les possibilités d’irrigation que donne le fleuve Godavari expliquent cette fertilité, ce qui entraine une surpopulation.

 

La Lèpre, une maladie contagieuse mais guérissable.

Cette maladie peut se transmettre par un contact réel et prolongé avec une personne porteuse de la maladie, mais tous les malades ne sont pas contagieux, environ 5% le sont. Ce qui complique le travail de nos missionnaires, c’est la durée de l’incubation qui peut varier de six mois à vingt ans. Un dépistage rapide augmente singulièrement les chances de guérison. Le travail de Sœur Anne Françoise est porté avant tout sur ce dépistage dans un secteur qui compte 150 000 habitants, avec un suivi médical des malades, et l’hospitalisation des plus gravement atteints. Des visites dans une cinquantaine de villages voisins (comptant 20 à 7000 âmes), aux détours des cultures, où il n’y a pas toujours une route ou une piste pour s’y rendre. Une année, au retour d’une visite d’un village à plus de 20km de marche, Sœur Anne Françoise chute sur le bord d’une rizière et se casse une jambe. Opérée le lendemain à Vishakhatapnam avec la pose d’une broche, retour à prathipadu dix jours plus tard.

 

Prathipadu, Dispensaire, hôpital, école et internat

Missionnaire sur le terrain durant de longues années, Sœur Anne Françoise est aidée par des Sœurs de la communauté et des collaborateurs dévoués et compétents. A Prathipadu, tous les malades qui se présentent au dispensaire sont reçus. On y soigne un peu de tout : maternité, enfants malades, lépreux, médecine générale, et un nouveau fléau, les malades du sida. L’hôpital au sein du dispensaire accueille ces miséreux malades dont le séjour est nécessaire, et où ils sont nourrit. Pour cela, sur les terrains du dispensaire, il a été créé des rizières, un verger, un potager et des pâturages pour les bufflonnes qui fournissent le lait. Le gaz pour la cuisine est tiré des bouses de ces bufflonnes. Sœur Anne Françoise ne pouvant rester insensible devant la misère et le désespoir décide de prendre sous le manteau de solidarité, des enfants de lépreux qu’elle place en internat, en leur offrant la totalité des frais de scolarité et de pension, tout en encourageant leurs progrès. Un internat (boarding) est né. Elle aide matériellement de nombreuses familles de lépreux dans un système qui permet de leur procurer de petits boulots en échange de subsides distribués.

Des maisons pour remplacer les huttes.

Et voilà que, s’étant émue de l’état de précarité et d’insalubrité des logements de ses protégés, (une simple hutte recouverte de feuilles, à la merci des bourrasques et de la mousson, pour huit à douze personnes) elle se mit en tête de se lancer dans le bâtiment. Pas pour construire la maison entièrement, mais permettre de creuser les fondations, offrir le ciment pour couler la dalle de base, solliciter les demandes de subventions gouvernementales, et laisser ensuite, à la famille, le soin de poursuivre l’ouvrage. Et ça marche !

 

Un soutien financier important.

Nous avons bénéficié d’un soutien financier qui nous a permis d’assurer les salaires du personnel et l’achat de médicaments. Il nous venait de l’Ordre de Malte. Depuis le début de l’année 1990, ce soutien s’est arrêté, posant de graves problèmes à Sœur Anne Françoise. La famille et les amis de Sœur Anne Françoise continuent aujourd’hui encore à participer à l’apostolat social des Sœurs de Saint-Joseph dans la région de Prathipadu. Une association s’est constituée, elle a été fondée par des personnes qui ont visité cette mission et qui ont été sensibilisées par le travail et le dévouement « hors du commun » avec peu de moyens. Sœur Anne Françoise s’est beaucoup occupée d’enfants de lépreux très peu scolarisés, obtenant pour eux des parrainages indispensables grâce à l’Association EMAP (Enfants du Monde, Aide et Partage) dont le siège est situé à Thonon, Haute Savoie.

 

L’apostolat de la prière et de la dépendance.

Sœur Anne Françoise a semé le bon grain et a contribué à améliorer le sort de milliers de lépreux.

En raison de l’âge et de son état de santé, elle a quitté le champ de la moisson pour un retour à St-Joseph’s Hôpital à Vishakhapatnam. Son apostolat continue dans la prière et l’acceptation avec foi et courage de son inactivité forcée et de sa dépendance. Elle retrouve dans cette dépendance, parmi le personnel hospitalier, des enfants qu’elle a aidés à Prathipadu, et ceci représente pour elle, le plus beau fruit de son travail. Elle est très heureuse de voir que son œuvre continue, par le biais de l’Association, avec un essor sans cesse renouvelé, et nous a confortés dans la confiance des Sœurs

qui la succèdent à Prathipadu.

Un jour, elle nous a confié : « Dieu peut venir me chercher quand il voudra, je suis prête ».

 

Un hommage bien mérité.

Le 6 février 2010, les Sœurs de Saint-Joseph d’Annecy sont en fête, dans leur mission de l’Inde.

A Vishakhapatnam, elles célèbrent les 50 ans d’apostolat de Sœur Anne Françoise Vullioud. En lui rendant hommage à l’occasion de ces années de mission en Inde, nous lui disons notre émerveillement reconnaissant.

 

Sœur Anne Françoise Vullioud nous a quitté le 21 Septembre 2010 pour rejoindre le royaume du Seigneur, pour le repos éternel.

 

Sa famille, ses amis.